Le bisphénol A

Cette fois, c’est confirmé. Le bisphénol A est dangereux pour l’humain, en particulier pour les femmes enceintes et les caissières : les premières font courir un risque à leur bébé à naître, les secondes sont confrontées au produit via les tickets de caisse.
Le risque est même chiffré par le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), qui définit pour la première fois un « niveau toxicologique », au-delà duquel le danger est avéré. Le bisphénol A (BPA) avait déjà été classé « perturbateur endocrinien » – c’est-à-dire qu’il a des conséquences sur le système hormonal – et son usage avait été interdit pour les biberons, notamment, dès 2013. Tous les contenants alimentaires seront débarrassés du produit en 2015, ce qui devrait considérablement réduire l’exposition des populations au produit, 80 % des contaminations passant par l’alimentation.
En attendant, le BPA reste très largement utilisé, surtout sous deux formes : il agit pour durcir le plastique des objets en polycarbonates, et apparaît dans la composition de diverses résines époxy, que l’on trouve notamment… dans le revêtement intérieur des boîtes de conserve.
Chez les femmes enceintes, l’Anses conclut à un risque potentiel pour l’enfant à naître des femmes enceintes exposées, qui porte sur une modification de la glande mammaire et pourrait favoriser un développement de tumeurs. Outre ce risque cancérigène, l’Anses pointe des effets possibles sur le cerveau et le comportement, le métabolisme et l’obésité ou encore l’appareil reproducteur féminin
Attention aux bonbonnes d’eau
L’agence attire également l’attention sur les bonbonnes en plastique en polycarbonate des fontaines à eau, comme on en trouve dans les entreprises, qui constituent une source conséquente d’exposition
Enfin, certains travailleurs restent très exposés, notamment les caissières qui manipulent le papier thermique des tickets de caisse contenant du BPA. Un bon nombre d’enseignes ont déjà supprimé le bisphénol A de leurs tickets de caisse, mais les alternatives au BPA sont encore mal connues (lire par ailleurs).
Hier, la ministre de l’Écologie Delphine Batho a d’ores et déjà annoncé qu’elle allait proposer à la Commission européenne l’interdiction totale du BPA dans les tickets de caisse.
L’association Réseau environnement santé (RES) a salué hier un rapport « courageux » de l’Anses, qui aboutit à calculer des « valeurs toxicologiques de référence 5 000 à 20 000 fois inférieures à celles défendues jusque-là par l’Agence européenne de santé ». Des valeurs si faibles, note l’association, que leur prise en compte va déboucher sur la disparition quasiment totale du BPA.
Le député socialiste Gérard Bapt, spécialiste des questions de santé, a appelé à interdire au niveau européen le BPA de « l’ensemble des contenants alimentaires